Dauphine Culture met régulièrement en lumière le parcours, le projet, ou la structure d’ancien·nes du réseau. En septembre 2024, nous vous présentons Eugénie Filho, issue de la formation initiale 2017.
Pourquoi avoir choisi le Master Management des organisations culturelles ?
Après un Master 2 Recherche en Médiation culturelle à Paris 3, j’ai senti que j’avais encore besoin de me former de manière plus concrète à la direction de projets culturels pour entrer dans les services culturels de musées ou de différentes institutions que je visais. En analysant les parcours des responsables de ces services dans les institutions que je convoitais, je me suis rendue compte que presque un quart d’entre eux et elles avaient fait le Master Management des organisations culturelles (MOC). Je me suis donc lancée, après avoir été aux journées portes ouvertes et avoir compris que le master s’adressait justement aux personnes qui avaient une formation culturelle et souhaitaient renforcer leurs compétences managériales, et non l’inverse.
Pouvez-vous nous parler du poste que vous occupez actuellement ?
Pendant cinq ans, j’ai dirigé la revue de cinéma que j’ai co-fondée, Revus & Corrigés. En 2023, nous avons décidé avec mes associés de mettre fin à la publication papier, qui devenait très compliquée. Pendant cinq ans, j’ai été gérante et directrice de publication, je gérais tout l’administratif et les financements, le commercial (vente des magazines et développement des annonceurs publicitaires), les partenariats, la communication et la fabrication du magazine. C’était très excitant de tout apprendre en faisant, et nous avons bien mené notre barque. Je n’avais pas du tout envisagé avant cela de travailler dans l’édition et encore moins dans l’édition de presse, et pas vraiment dans le cinéma. Et pourtant ! Cette expérience m’a fait découvrir l’édition et la presse, et j’accompagne maintenant en freelance des médias dans leurs stratégies éditoriales et leur développement commercial, avec une appétence pour les magazines papier évidemment ainsi que la presse indépendante. Pendant un an, j’ai travaillé pour Chut! Magazine, un magazine de société et de culture numérique et depuis quelques mois j’accompagne également le lancement prochain d’un nouveau magazine écologiste, L’Iceberg.
Pourquoi avoir choisi de fonder Revus & Corrigés et quelles en sont les particularités ?
En 2017, quand nous avons commencé à réfléchir à cela avec mes futurs associés, il n’existait pas de magazines papier entièrement consacré à l’actualité des classiques du cinéma (les films de plus de dix ans qui ressortent en version restaurée au cinéma ou en vidéo). Finalement la discussion à partir de cette observation est devenue un site internet puis une campagne de financement participatif pour financer un premier numéro en juin 2018. Et 17 numéros sont parus. L’idée était de parler d’histoire du cinéma, en s’appuyant sur l’actualité du marché du film classique, mais surtout en reliant les films classiques à la fois aux créations contemporaines (ou film frais comme on dit) mais aussi aux questionnements actuels, le féminisme, la police, la politique. Le choix d’un support papier nous était évident, il permettait d’offrir un medium pérenne à des films restaurés et une analyse nouvelle, avec des journalistes jeunes pour un lectorat également jeune, même si transgénérationnel.
Pouvez-vous nous confier 3 compétences incontournables pour exercer votre métier ?
Je pense que ce qui m’a permis de porter Revus & Corrigés, c’est une bonne gestion de l’équipe, la fois sur le plan humain, administratif et en termes de missions. C’est quelque chose d’essentiel, qui permet de se sentir moins seule dans le projet et c’est surtout ce qui rend tout très difficiles quand quelque chose ne va pas. La communication est donc la première compétence incontournable. Ensuite, pour lancer un projet entrepreneurial puis le développer, il faut être réactive à toutes les opportunités, et pouvoir remettre en permanence en question son projet et soi-même. Enfin, la curiosité est essentielle et nourrit l’originalité et la nouveauté que l’on peut apporter à un marché dans lequel on s’implante. Concernant l’édition et l’édition de presse, je pense qu’un rapport à la fois passionné, rigoureux et innovant à la langue est très important.
Avez-vous des pistes pour la suite ?
Tout en développant mes activités de conseil, je reste à la recherche du poste parfait évidemment, celui qui fera vibrer mes cordes culturelles tout en m’offrant la possibilité d’appliquer tout ce que j’ai appris avec l’entrepreneuriat au service d’une structure et d’une équipe qui m’apprendra encore autre chose. J’ai l’impression qu’il est dur de réintégrer des institutions culturelles après plusieurs années d’entrepreneuriat car en général elles semblent avoir peur de l’indépendance, donc même si je continue à toquer aux portes des musées et institutions qui me font rêver, j’élargis à d’autres types de structures et d’autres milieux.