Tous les mois, Dauphine Culture met en lumière le parcours, le projet, ou encore la structure d’un ancien de notre réseau.
En avril, venez rencontrer Denis Moreau, collaborateur de direction chez Les Musiques de la Boulangère de Nicolas Frize.
Denis nous raconte comment le master lui a conféré la légitimité pour transformer sa carrière. Une transformation très importante, vous le constaterez ! Il nous partage sa vision engagée de la culture et nous rappelle à quel point les métiers culturels sont des métiers de passion.
Denis Moreau,
Collaborateur de Direction Musique de la Boulangère Nicolas Frize, FC 2012
Pourquoi avoir choisi le master MOC ?
Après des études scientifiques et un DESS de théâtre, j’ai exercé beaucoup de métier dans le secteur du spectacle vivant / théâtre : metteur en scène, assistant metteur en scène, comédien… J’ai aussi travaillé sur des projets d’éducation artistique et j’ai mis en place des projets culturels : un festival de jeunes metteurs en scène avec un collectif d’artistes, puis une résidence d’auteurs de bandes dessinées en Corse. Et cela m’a beaucoup plu. Mais plus je montais des projets, plus je me confrontais à des questions de gestion, de compta, de droit, de liens avec les pouvoirs publics, de gestion sociale… Je me suis formé petit à petit sur le tas, mais j’avais le sentiment que cela ne me suffisait pas, et qu’il fallait que je consolide tout ça en passant par la case master.
Ensuite, j’avais envie d’aller vers des projets pluridisciplinaires, en lien avec des territoires. Je ne voulais pas m’enfermer dans le spectacle vivant, je voulais une formation assez générale. C’est pourquoi j’ai choisi Dauphine. Et je savais que le MOC avait bonne réputation et qu’il y avait un réseau solide d’anciens, ce qui est également important.
Quel a été l’impact de cette formation ?
Après cette formation, j’ai acquis une certaine forme de légitimité par rapport aux compétences nécessaires à la gestion de projets culturels. J’ai consolidé mes connaissances et je me suis senti plus sûr de moi. A la sortie de la formation, j’ai fait la rencontre du metteur en scène Marcel Bozonnet que j’ai ensuite accompagné pendant plusieurs années comme administrateur de sa compagnie. On a conçu et mené des projets artistiques et culturels très divers, à l’international comme sur des territoires ruraux, en lien avec des acteurs et des structures très différentes (DRAC, Ministère des Affaires Étrangères, Éducation Nationale, Collectivités, Scènes labellisées…). Puis après cette expérience, j’ai travaillé au sein de la Direction de l’Action Culturelle d’une ville pour créer une dynamique autour de la Culture scientifique (et des mathématiques), et pour concevoir un nouvel équipement. Avant Dauphine, je pense que je ne me serais peut-être pas senti aussi légitime à ces différents postes.
Les rencontres dans ma promo ont aussi été importantes. C’est ce qui permet de se construire un premier réseau.
Pouvez-vous nous parler du poste que vous occupez ?
Je suis arrivé sur le poste en octobre dernier, donc il y a très peu de temps et surtout en période de Covid-19 et de confinement. Mon poste consiste à accompagner un compositeur, Nicolas Frize, dans ses projets artistiques. La spécificité, c’est que Nicolas crée in situ, à travers des résidences longues (on parle de mois, parfois d’années) et qui s’inscrivent dans le territoire. Actuellement, on est en train de monter, par exemple, un projet assez fou à travers une résidence de création dans un lycée de Saint-Denis, qui doit aboutir à une occupation totale de l’établissement pour une grande manifestation artistique. J’accompagne le compositeur dans la conception générale du projet, dans les relations avec les institutions (DRAC, Région, Département, Ville, Education Nationale…), les partenaires, je travaille aux aspects de production, aux demandes de subventions… C’est très large.
Les plus et les moins du métier
Les plus :
L’excitation artistique
Accompagner des projets qui ont un impact sur le territoire
Des projets aussi qui transforment la vie des habitants
Les moins :
La taille de la structure et sa fragilité qui peut parfois créer une forme de précarité
Quelles sont les particularités de votre secteur d’activité ?
La taille de la structure : une compagnie c’est souvent une petite équipe, donc il faut vraiment avoir une vision à 360° des sujets, et surtout être un couteau suisse
L’inscription des projets dans les territoires : cela implique qu’il faut trouver les bonnes ressources, penser un projet pour le territoire cela demande de vraiment entrer dans ce dernier et apprendre à le connaître
Pouvez-vous donner les principales compétences qu’il faut pour exercer votre métier ?
– Diplomatie
– Rigueur
– Capacité d’apprentissage
– Flexibilité
Pourquoi avez-vous choisi de travailler dans le secteur de la Culture ?
La Culture a une place essentielle dans la société. Une œuvre, un projet culturel peuvent transformer les personnes, les territoires. Pour moi s’engager pour la Culture c’est s’engager pour l’intérêt général, au service de territoires, d’habitants, voire de causes. On pourrait dire que ma vision s’attache à un côté militant de la Culture. Travailler dans la culture est, pour moi, un engagement militant et citoyen.
Quel est votre regard sur le management dans la culture ?
Il y a eu une évolution, c’est certain. On ne gère pas les institutions culturelles comme on les gérait dans les années 1980-1990. Je vois qu’il y a une gestion plus rigoureuse de la Culture et que le secteur s’est professionnalisé. J’entends par professionnalisation le fait que de plus en plus d’acteurs culturels ont soit acquis des compétences techniques (comptables, juridiques, financières), soit se sont fait accompagner par des gestionnaires (entendre administrateur). Cette professionnalisation va de pair, j’ai l’impression, avec une augmentation des contraintes, notamment administratives et financières.
Il y a également d’autres évolutions importantes : Les projets artistiques ou culturels s’inscrivent de plus en plus dans les territoires, et l’introduction de la notion de droits culturels, ainsi que les débats qui tournent autour, transforment peu à peu notre manière de voir les projets et de les mener. Ces évolutions sont vraiment propices au développement de certains projets artistiques, mais peuvent aussi se faire au détriment d’autres démarches. Il y a des équilibres qui doivent se mettre en place.
Est-ce que la notion de réseau fait sens pour vous dans le secteur de la Culture ?
Je pense vraiment que le réseau est important pour plusieurs raisons :
D’abord pour se sentir entouré. La Culture est un champ très vaste avec de multiples entrées (comptabilité, finances, droit, propriété intellectuelle), et on n’est pas toujours spécialiste de tous les sujets en même temps. Il est donc important de pouvoir partager ses questions / ses problématiques, et des informations. Ensuite, dans un petit secteur précis, il est toujours important de se connaître entre professionnels, ce qui permet de favoriser les collaborations et les projets communs. Enfin, le réseau c’est aussi la mise en place d’une forme de solidarité dans des moments difficiles qu’on traverse, cela aide à se sentir solide.
Qu’auriez-vous envie de transmettre ?
“Multiplier les expériences”
Soyez curieux en permanence et surtout n’hésitez pas à vous lancer des défis régulièrement. Je crois vraiment que plus on s’intéresse, et plus on est actif dans ses projets et ses actions, plus on sera créatifs, et capables d’innover.