Retour sur les Journées du Management Culturel – Édition 2023

L’art et la culture à l’heure des droits culturels

Les droits culturels sont une partie intégrante des droits humains. Ils sont souvent méconnus, et font l’objet de moins d’attention par rapport à d’autres droits comme les droits politiques, civils, économiques et sociaux. ​L’enjeu de ces droits est de reconnaître aux personnes la liberté de choix de leurs références culturelles et l’égale dignité de ces références. La Déclaration de Fribourg en définit huit : le droit de choisir son identité, la reconnaissance de la diversité des références culturelles, la légitimité de chaque patrimoine culturel, le droit de choisir ses communautés d’appartenance, le droit de participer à la vie culturelle, le droit à l’éducation et à la formation, le droit à l’information et la communication, le droit à la coopération.​

Les droits culturels sont reconnus comme un cadre de référence pour l’action publique, et au sein du secteur culturel, ils sont l’opportunité de situer nos actions dans un cadre plus large contribuant à une société plus apaisée, inclusive et durable. Que recouvrent ces droits et comment les mettre en œuvre concrètement dans nos missions et pratiques culturelles ? Nous y avons réfléchi au travers d’interventions d’experts, d’ateliers interactifs et d’échanges.

Programme de la journée

8 décembre 2023 à la Maison des métallos, Paris 11e

  • Plénière “Mieux appréhender collectivement la notion de droits culturels” · replay de la partie 1 et replay de la partie 2
  • Focus “Spectacle vivant et participation des artistes professionnels en situation de handicap mental” · pas de replay disponible
  • Focus “La programmation participative, un moyen efficace pour garantir le droit de chacun de participer à la vie culturelle ?” · replay du focus
  • Focus “Faire humanité ensemble : quelles applications concrètes ?” · pas de replay disponible
  • Focus “Représentation de la diversité dans les projets et établissements culturels” · pas de replay disponible
  • Focus “Comment envisager les relations avec les publics au regard des droits culturels ?” · replay du focus
  • Focus “La parole aux étudiants ! Discussions autour de leurs mémoires” · replay du focus

Replays disponibles

  • Replay de la partie 1 et de la partie 2 de la plénière “Mieux appréhender collectivement la notion de droits culturels”
  • Replay du focus “La programmation participative, un moyen efficace pour garantir le droit de chacun de participer à la vie culturelle ?”
  • Replay du focus “Comment envisager les relations avec les publics au regard des droits culturels ?”
  • Replay du focus “La parole aux étudiants ! Discussions autour de leurs mémoires”

Programme détaillé de la journée ci-dessous


Plénière · Mieux appréhender collectivement la notion de droits culturels

Que recouvrent précisément les droits culturels et comment les inscrire au cœur de nos missions et pratiques professionnelles ?

Dans un premier temps, Christelle Blouet a proposé un regard historique sur les droits culturels au sein des droits humains et a explicité les contenus de ces droits, s’appuyant sur une vision anthropologique de la culture. Puis nous avons joué en petits groupes à Dédales, jeu en cours de développement par le Réseau Culture 21, qui nous a permis de toucher du doigt ce qu’implique la prise en compte des droits culturels, nous donnant aussi l’occasion d’échanges féconds sur ces sujets. De nouveau réunis, nous avons partagé nos réflexions et découvertes avec les regards et les apports de professionnels impliqués dans mise en œuvre de telles démarches.

Intervenants
  • Christelle Blouet, fondatrice du réseau Culture 21, association qui anime de nombreuses démarches visant à promouvoir une approche transversale de la culture, fondée sur des processus démocratiques et participatifs qui développent la prise en compte de la diversité culturelle et des droits culturels.
  • Stéphane Pinard, responsable du développement territorial à La Friche la Belle de Mai à Marseille.
  • Christine Gaillard, Directrice des Affaires Culturelles et Laurent Patole Responsable des manifestations culturelles,  Métropole de Rouen.

Replays de la partie 1 et de la partie 2 de la plénière 


Focus · Spectacle vivant et participation des artistes professionnels en situation de handicap mental

Garantir les droits culturels, c’est garantir les conditions pour faire “humanité ensemble”. Dans cette perspective, il est essentiel de permettre à tous les citoyens d’accéder mais aussi de participer pleinement à la vie culturelle. À la suite de la Commission nationale Culture et Handicap du 6 novembre, la ministre de la Culture et la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées ont défini de nouvelles pistes de travail et annoncé leur volonté de faire progresser la participation des artistes en situation de handicap à la vie culturelle.

L’objet de cette table ronde était de questionner les moyens à mettre en œuvre pour que ces artistes puissent accéder professionnellement, quel que soit leur handicap, à la scène culturelle et intégrer les programmations à égalité avec les autres artistes. C’est une des conditions de l’effectivité des droits culturels. Quels dispositifs existent et quels sont leurs atouts ? Leurs limites ? Comment permettre aux artistes en situation de handicap d’évoluer en milieu ordinaire ? Quels accès à la formation ? Comment adapter les conditions de production de la création artistique ? Comment la présence d’artistes porteurs d’un handicap modifie les conditions de production et qu’est-ce qu’elle apporte aux esthétiques ?

Des professionnels agissant au quotidien pour une culture plus inclusive sont venus témoigner de leurs engagements, présentant notamment les enjeux de la professionnalisation des artistes en situation de handicap mental et psychique dans le spectacle vivant.

Intervenants
  • Amélie Gratias, comédienne collaborant comme facilitatrice dans le cadre de la création et de la tournée du spectacle L’art de la joie de Ambre Kahan.
  • Alice Davazoglou, danseuse et chorégraphe, accompagnée de Françoise Davazoglou, danseuse et Doctorante en danse à l’Université Paris 8.
  • Céline Luc, secrétaire générale de la compagnie La Ruse et du réseau Les Petites Scènes Ouvertes, Présidence de À ciel ouvert, compagnie portant les projets d’artiste en situation de handicap mental.
  • Leslie Six, secrétaire générale et dramaturge au Centre National pour la Création Adaptée.
Modérateur

Richard Leteurtre, co-directeur du festival Imago, art et handicap et directeur des affaires culturelles de La Sauvegarde des Yvelines.


Focus · La programmation participative, un moyen efficace pour garantir le droit de chacun de participer à la vie culturelle ?

Retours d’expérience dans le spectacle vivant, le cinéma et le secteur muséal

Parmi les huit droits culturels énoncés par la Déclaration de Fribourg figure le droit pour les citoyens de participer à la vie culturelle. Toute personne, aussi bien seule qu’en commun, a le droit d’accéder et de participer librement, sans considération de frontières, à la vie culturelle à travers les activités de son choix. Ce droit comprend notamment : (…) la liberté de développer et de partager des connaissances, des expressions culturelles, de conduire des recherches et de participer aux différentes formes de création ainsi qu’à leurs bienfaits.  

Tous secteurs culturels confondus, certaines structures proposent à leurs publics des niveaux de participation impactant plus ou moins la vie de l’organisation. Ces démarches participatives vont de la simple consultation du public au développement de certains projets par le public.

Dans ce focus, nous nous sommes intéressés plus particulièrement à la programmation participative, c’est-à-dire à l’inclusion du public par la structure dans ses choix de programmation.

Intervenants
  • Aurélien Gaborit, responsable de collections Afrique au musée du Quai Branly – Jacques Chirac et responsable du Pavillon des Sessions au Louvre.
  • Dorian Périgois, étudiant en M1 Didactique de l’image à l’université Sorbonne-Nouvelle – Paris 3, Assistant Communication & Événementiel chez Dulac Cinémas et membre d’un dispositif de programmation participative des Cinémas Indépendants Parisiens.
  • Elie E. Silva, directrice de l’accueil et de l’hospitalité à Chaillot-Théâtre national de la Danse.
  • Alizée Sisombat, chargée du développement des publics à Chaillot-Théâtre national de la Danse.
  • Pauline Vallet, responsable de la communication, des publics 15-25 ans et des publics solidaires aux Cinémas Indépendants Parisiens (CIP).
Projets participatifs présentés

Chaillot-Théâtre national de la Danse a lancé son Conseil des Jeunes pensé comme un laboratoire d’idées et une fabrique d’expériences : découverte de spectacles et événements inédits, participation à des ateliers de pratique artistique. Chaillot offre également à ces jeunes une carte blanche pour la création complète d’un projet nourri par des rencontres privilégiées avec les artistes, les équipes de Chaillot et ses partenaires.

Créé en 2021 par les Cinémas Indépendants Parisiens (CIP), The Breakfast Club (but at night…!) est un ciné-club particulier. Destiné avant tout aux jeunes de 15-25 ans, il est également piloté par des jeunes de cet âge, avec le soutien des CIP. Une dizaine de jeunes effectuent eux-mêmes la programmation des films, qui sont projetés une fois par mois dans l’une des salles du réseau des CIP. Le Breakfast Club rencontre un grand succès et en est déjà à sa troisième saison !​

Modératrice

Alexia Jacques-Casanova est la fondatrice d’Artizest qui aide les institutions culturelles à affiner leur positionnement, bâtir leur stratégie d’établissement et créer des actions culturelles pertinentes pour et avec leurs publics. Puisant dans l’éducation populaire et les méthodes de facilitation de l’intelligence collective, Artizest privilégie les démarches collaboratives. Elle cultive un profond intérêt (et une veille attentionnée) pour les mouvements mêlant l’art à la citoyenneté et à la revitalisation sociale et urbaine de nos espaces. A ce titre, elle anime également deux podcasts : C’est Pas Commun ! dédié au community art et #DoItDifferent où elle interviewe des artistes et des professionnels du secteur culturel sur leur parcours professionnel.

Replay du focus


Focus · Faire humanité ensemble : quelles applications concrètes ?

La Déclaration de Fribourg, affirme que “les droits de l’homme sont universels, indivisibles et interdépendants, et que les droits culturels sont à l’égal des autres droits de l’homme une expression et une exigence de la dignité humaine”.

Pourtant, l’application de ces droits ne va pas toujours de soi, l’accès à la culture reste encore compliqué pour certaines personnes alors même que la culture pourrait jouer un rôle prépondérant dans leur développement. Au-delà de l’accès, les droits culturels visent également à ce que chaque personne soit considérée comme un individu et traitée avec dignité. Cette table ronde a exploré trois cas de figure d’institutions publiques pour comprendre comment l’application des droits culturels peut modifier leur regard sur leurs usagers et faciliter l’inclusion :

  • Les institutions culturelles tout d’abord et comment elles peuvent mieux inclure les personnes porteuses de handicap ;
  • L’hôpital où la culture peut changer le regard des soignants sur leurs patients et le regard des patients sur l’hôpital ;
  • Le milieu carcéral où l’application des droits culturels semble la plus complexe mais aussi la plus indispensable.
Intervenants
  • Bénédicte Capelle-Perceval, responsable culture, animation et action éducative à l’AP-HP, Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. Son action au sein de l’AP-HP vise notamment à modifier le rapport des soignants aux patients pour une meilleure prise en compte de leur personnalité mais aussi à changer le regard du patient sur l’hôpital pour prévenir les ruptures de soin en cas de maladie chronique. En pédiatrie, l’hôpital se doit aussi de prendre le relai pour accompagner les enfants dans leur développement car ils se retrouvent privés d’activités extra-scolaires du fait de leur hospitalisation.
  • Patrick Chassignet, responsable de secteur de la rue au logement pour la Fondation Abbé Pierre.
  • Valérie Durin, autrice, comédienne, metteuse en scène et artiste associée d’Arrangement Théâtre qui intervient en milieu carcéral.
  • Juliette Monnier, coordinatrice nationale réseau Ciné Relax.Aller au cinéma, au concert, à l’opéra, au théâtre : un acte banal mais qui, pour certains, paraît impossible ou se transforme en épreuve. Culture Relax accompagne les salles de spectacle pour rendre la culture accessible en inclusion à des personnes autistes, polyhandicapées, avec un handicap mental, des troubles psychiques, une maladie d’Alzheimer…, qui en sont privées par leur handicap. Grâce aux séances et représentations Relax, chacun, avec ou sans handicap, est accueilli et respecté tel qu’il est.

Focus · Représentation de la diversité dans les projets et établissements culturels

La question des représentations résonne depuis plusieurs années dans tous les champs de notre société. Le secteur culturel s’est emparé de cette problématique à l’aune des questions de l’égalité des genres et de la représentation d’une plus grande mixité et diversité. Que ce soit dans les lieux de spectacle, au cinéma, dans les musées et espaces d’exposition, comment s’opèrent de tels changements ? ​Comment ces transformations des regards, des constructions collectives s’opèrent depuis plusieurs années et insufflent des lignes éditoriales différentes aux établissements culturels qui s’approprient cet axe. Ces déplacements sont-ils des enjeux de développement pour les futurs publics et plus globalement pour apporter aux projets un décentrage qui permet une meilleure visibilité de la société du 21e siècle ?

Intervenants
  • Eva Daviaud, chargée de prospective et d’innovation sociale au sein du département culture et création du Centre Pompidou.
  • Julien Derouet, responsable du suivi des commissions syndicales au SYNDEAC.
  • Fanny Gonella, directrice du Frac 49 Nord 6 Est à Metz.
  • Florence Lhermitte, conseillère en charge du théâtre et des arts de la marionnette à l’Office national de diffusion artistique (Onda).

Focus · Comment envisager les relations avec les publics au regard des droits culturels ?

Les droits culturels invitent les institutions culturelles à réinventer les relations qu’elles entretiennent avec les personnes qui prennent part à des actions culturelles. Cette relation n’est plus envisagée de manière unilatérale par la simple transmission d’un savoir ou d’une compétence reproduisant une vision normative de la culture. La médiation cherche maintenant à accompagner chaque personne dans son développement, à mieux prendre en compte son identité culturelle dans toute sa diversité.

​Cette table ronde a présenté des exemples d’actions visant à renouveler les pratiques de médiation pour une meilleure application des droits culturels :

  • Les actions artistiques font partie intégrante de toutes les créations de la compagnie L’île de La Tortue et elles s’attachent à révéler la richesse humaine de son territoire d’implantation ;
  • Les actions pédagogiques de la Philharmonie de Paris ont toujours eu pour souci l’accessibilité et la diversité des musiques représentées. La Philharmonie mène actuellement un projet de recherche pédagogique appelé EVE pour mieux comprendre comment la musique peut participer au développement des adolescents ;
Intervenants
  • Juan Arauco, administrateur du projet EVE (Exister avec la Voix Ensemble) à la Philharmonie de Paris. EVE est un projet qui vise à une pédagogie renouvelée du chant choral en milieu scolaire au service du développement global de l’enfant et de l’adolescent par la musique. Les activités pédagogiques de la Philharmonie ont pour dénominateur commun la pédagogie collective, l’accessibilité, et l’attention portée aux aspects psychosociaux (cognitif, émotionnel et social) mobilisés par la pratique musicale en groupe.L’activité du projet EVE relève de la recherche pédagogique, dans une démarche interdisciplinaire associant chefs de chœur, rythmiciens Dalcroze, spécialistes de la technique Alexander, musicothérapeutes et professeurs de musique. En parallèle, une étude scientifique est menée par le Centre de Recherche Psychanalyse, Médecine et Société de l’Université Paris Cité pour analyser en quoi l’approche psychocorporelle du chant choral mise en place dans EVE peut contribuer aux compétences orales de l’élève, favoriser ses capacités relationnelles et affectives et contribuer au processus de subjectivation lors de la puberté.
  • Sarah Mathon, metteuse en scène dans le secteur des musiques actuelles, comédienne intérieur/extérieur, interprète fidèle de la Compagnie d’Elles et co-directrice artistique de la compagnie L’île de La Tortue/ Théâtre In Cité, basée en Seine-Saint-Denis. Sarah Mathon développe des projets en direction de publics non-spécialistes et en espaces non-dédiés, au sein desquels la parole des invisibles peut se déployer. Son engagement dans une démarche artistique inclusive au cœur des quartiers populaires l’amène à multiplier les projets auprès de divers groupes de population : centres de détention, ehpad, milieu scolaire, femmes primo-arrivantes, notamment. Elle a en particulier été amenée à s’interroger sur les droits culturels à l’occasion du projet “Les Clameuses”.
Modératrice

Alexia Jacques-Casanova est la fondatrice d’Artizest qui aide les institutions culturelles à affiner leur positionnement, bâtir leur stratégie d’établissement et créer des actions culturelles pertinentes pour et avec leurs publics. Puisant dans l’éducation populaire et les méthodes de facilitation de l’intelligence collective, Artizest privilégie les démarches collaboratives. Elle cultive un profond intérêt (et une veille attentionnée) pour les mouvements mêlant l’art à la citoyenneté et à la revitalisation sociale et urbaine de nos espaces. A ce titre, elle anime également deux podcasts : C’est Pas Commun ! dédié au community art et #DoItDifferent où elle interviewe des artistes et des professionnels du secteur culturel sur leur parcours professionnel.

Replay du focus


Focus · La parole aux étudiants ! Discussions autour de leurs mémoires

Des étudiants du Master Management des organisations culturelles de l’Université Paris Dauphine – PSL en formation initiale et continue ont courageusement accepté de confronter leurs idées et de discuter des sujets d’actualité traités dans leurs mémoires.

Intervenants et modérateurs

Étudiants des promotions sortantes du Master Management des organisations culturelles en formation initiale et continue de l’Université Paris Dauphine – PSL.

Replay du focus