Tous les mois, Dauphine Culture met en lumière le parcours, le projet, ou la structure d’ancien.ne.s de notre réseau. En décembre, venez rencontrer Sylvain Elie (FC 2018), directeur du Petit Faucheux, SMAC (Scène de Musiques Actuelles) spécialisée en jazz et musiques improvisées.
- Pourquoi avoir choisi le master Management des Organisations Culturelles ?
Mon parcours professionnel a débuté dans l’artistique, au plateau, comme comédien. J’ai évolué ensuite progressivement vers les métiers de la production. Au cours de ce processus, j’ai traversé un ensemble assez varié de fonctions support. Puis au bout d’un moment, me plaçant dans la perspective d’une évolution de carrière vers des postes à responsabilité, j’ai éprouvé le besoin de consolider des compétences, d’en acquérir de nouvelles et surtout, d’apporter à mon profil une plus grande légitimité.Ainsi, me suis-je renseigné sur les diverses offres de formation continue qui se présentaient à moi et très rapidement, le master de Dauphine s’est avéré représenter l’offre la plus adaptée pour moi. D’abord parce que cela me permettait de continuer à exercer ma fonction à l’Orchestre National de Jazz en parallèle, et ensuite évidemment, parce que le contenu de la formation m’intéressait, par son aspect généraliste et son spectre très large. Le sérieux de sa réputation a ensuite achevé de me convaincre, conforté en cela par des retours d’expérience que m’ont apporté divers professionnels de mon réseau, eux-mêmes anciens élèves de Dauphine.
- Quel a été l’impact de cette formation sur votre parcours professionnel ?
Je dirais que le premier impact a été d’abord de m’offrir la possibilité de plonger dans des sujets nouveaux que je n’aurais jamais abordés sans cela. Cela m’a permis également de me remettre en question et d’interroger ma pratique. Ces deux aspects constituent je crois, la dimension qui nous manque le plus dans nos carrières : du temps pour réfléchir, objectiver et découvrir de nouveaux horizons. Ensuite, elle m’a permis d’obtenir une forme de reconnaissance auprès de mes pairs et de mes futurs employeurs. Les candidatures que j’ai pu déposer par la suite ont été très certainement bien mieux prise en considération du fait de la mention de ce master. Cela ne s’est pas traduit pour autant immédiatement par un changement de poste. Même si finalement., c’est tout de même allé assez vite.
Enfin, j’ai pu, grâce à cette année passée au milieu d’une promotion de trente étudiants et au contact des enseignants, élargir mon réseau. J’ai ainsi pu garder quelques solides appuis parmi mes anciens camarades de promo. Nous nous soutenons, partageons certaines questions et pouvons compter les uns sur les autres si le besoin s’en fait sentir.
- Pouvez-vous nous parler du poste que vous occupez actuellement ?
Je suis aujourd’hui directeur du Petit faucheux, SMAC Jazz de Tours. C’est une première direction pour moi qui arrive après deux ans et demi passés à la Réunion en tant qu’administrateur de production du Centre Dramatique National de l’Océan Indien (CDNOI). Je dirige aujourd’hui à Tours une équipe de 10 personnes. Je suis garant du respect du cahier des charges de la SMAC qui reprend le triptyque habituel de ces lieux labelisés : création, diffusion, transmission. Je coordonné l’activité du lieu et noue, un dialogue constant et nourri avec les autres structures du territoire.
Mon rôle, au-delà du management de l’équipe au quotidien, consiste, je crois, à dégager de nouveaux axes de développement pour le Petit faucheux et tracer une feuille de route stratégique pour les années à venir.
- Qu’est ce qui a motivé votre envie de diriger Le Petit Faucheux, et quelles en sont les particularités ?
Je m’estime extrêmement chanceux de pouvoir défendre le projet d’un établissement comme celui-ci. En effet, le Petit faucheux, bien que ne disposant que d’une salle relativement modeste de 200 places, est extrêmement bien ancré sur son territoire et connecté aux autres partenaires institutionnels, au travers de coproductions, coréalisations et autres partenariats hors les murs.
Une des particularités du Petit faucheux consiste aussi en ce que, au-delà de sa mission de SMAC, il porte une mission de réseau pour le Jazz en région Centre Val de Loire, au service de la scène locale et en dialogue avec les autres réseaux régionaux. Il participe donc au développement des politiques culturelles pour les musiques improvisées en France. C’est enfin une boussole et une référence pour le secteur du Jazz hexagonal. Et je l’espère à l’avenir, un des lieux remarqués au niveau européen pour le jazz de création. Sa situation géographique privilégiée, à 1h15 de Paris en train, lui confère je crois un potentiel d’attrait trait indéniable. Que ce soit pour les artistes en tournée passant par Paris que pour le public francilien et de région Centre.
Ainsi lorsque l’on m’a suggéré de postuler à la direction du lieu, j’ai rapidement su que mon expérience en tant que responsable de diffusion et de production de l’Orchestre national de Jazz serait un atout important. Car une des plus-values que je puisse apporter est mon carnet d’adresses forgé au fil des ans. Par ailleurs, je savais après m’être renseigné qu’en venant au Petit faucheux je trouverai une structure à la gestion saine, à la gouvernance solide et avec une équipe en grande partie renouvelée récemment, et donc très encline au changement et aux innovations.
- Pouvez-vous nous confier 3 compétences incontournables pour exercer votre métier ?
Cela faisant à peine trois mois que je suis arrivé dans la structure, j’aimerais pouvoir vous répondre à cette question fort d’une plus longue expérience du poste.
Pour autant, je crois pouvoir dire tout de même qu’il est essentiel pour une fonction comme celle-ci de savoir faire preuve d’un sens certain de la diplomatie, de l’échange et de la communication, que ce soit en interne avec l’équipe ou au dehors avec les partenaires.
Ensuite, je crois qu’il est essentiel de faire confiance aux compétences de l’équipe. Il convient ainsi de les motiver en libérant leur initiative, car je crois que la confiance est plus efficace que le contrôle. Pour autant, cette autonomie ne peut être féconde que si elle est soutenue par une direction modélisante, avec une vision capable de dégager les grands enjeux transversaux d’un projet. Il y a donc nécessité à faire preuve d’une certaine pensée conceptuelle, tout en étant fortement connecté au travail concret et réel des salariés.
C’est finalement un jeu d’équilibre entre une vision métiers et une vision politique.
Donc pour résumer, trois compétences : sens de la communication, connaissance du secteur et de ses métiers, vision stratégique.